Contrat

HJ: je n'attends pas de réponse (enfin vous faites comme vous voulez) c'est juste pour lancer le personnage

C'était une chambre d'hôtel sobre et simple. Les rideaux étaient tirés et la pièce était plongée dans l'obscurité. Bizarrement il y avait une cheminée qui plongeait la chambre dans une ambiance médiévale totalement déplacée. Roulée en boule sur un fauteuil, une silhouette observait les flammes.

Quelqu'un frappa à la porte.

- Euh, excusez-moi, mademoiselle? Nous avons deux enveloppes pour vous.

La silhouette sombre leva un instant les yeux vers le jeune commis. Il frémit. Pendant un instant, il avait aperçu un éclat brûlant qui n'était pas celui des flammes. Mais l'ombre baissa bien vite les yeux, et il cru qu'il avait divagué. La cliente se leva et prit son dû. Sans un mot. Le jeune homme s'éclipsa sans demander son reste.

Ereb ouvrit lentement la première enveloppe marron. Un nom, un chèque, une date.
Un nom: Charles Félicien. Un nom noble. Bourgeois? Cela serait facile.
La jeune fille regarda le montant du chèque avant de rire: non, ça ne serait pas facile.
Elle avait deux semaines.

Plus lentement, elle s'occupa du second contrat. Le montant de la somme lui arracha un sifflement admiratif. La date elle aussi laissait entendre que la partie ne serait pas gagné d'avance.
Quand au nom...
Ereb blêmit, se mit à trembler, et sa mâchoire se crispa de rage. Elle froissa la feuille où le nom était écrit avec élégance, évoquant les pleins et les déliés d'autrefois, et la jeta avec rage dans le feu.

Elle attrapa son violon et une mélodie complexe aux accents torturés s'éleva, frémissante, dans les airs.
Sur le papier que les flammes commençait à attaquer, on pouvait encore lire l'objet de sa colère.

Atemis Fowl.

Ereb revint dans sa chambre avec un soupir de soulagement. Sa brève plongée dans le monde "normal" l'avait déstabilisée, de plus elle s'en voulait d'avoir un peu abusé de Charles. Il n'était pas vraiment mauvais, mais elle n'avait pas le choix. Il était très intelligent et très doué. Elle préférait éviter les ennuis.

L'elfe ouvrit les volet de la pièce plongée dans la pénombre, dévoilant une chambre assez spacieuse, avec un lit simple dans un recoin, une table en bois sur laquelle trônait un ordinateur portable assez moyen. Un vague canapé informe était installé devant la cheminée de fer forgé qui donnait une étrange teinte médiévale à l'ensemble. Une porte donnait sur une autre chambre semblable.

Dans un contraste assez ahurissant, tout une portion de la pièce bénéficiait d'un luxe très particulier. Une étagère croulait sous des monceaux de disque, toute une portions réservée à des vinyle austères, un piano à queue trônait près de la fenêtre, une chaine stéréo de qualité passait un morceau intitulé Zigennerweisen avec un son exceptionnel.

Enfin, luxe suprême, un Stradivarius était posé sur une table basse. En attendant son invité, la jeune fille entreprit de nettoyer son violon.

Je me suis allongé sur le lit dans la pièce d'à côté. Viens d'escalader la façade pour entrer par la fenêtre... Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué, hein ? Bonne question. Je pense que la dose d'adrénaline empruntée à la pharmacie n'y est pas pour rien. Mais il fallait bien ça pour me réveiller. Tiens, penser à rajouter une seringue d'adrénaline dans le "kit de base".

La porte s'ouvre dans la chambre d'à côté. Je me lève silencieusement dans le noir le plus complet.
Du classique, mais plutôt récent. J'entrouvre la porte sans bruit. Le Stradivarius. Une belle pièce, et d'une immense valeur, mais totalement invendable.

Elle me tourne le dos.

Un cookie ?

- Un cookie ?

Ereb se raidit imperceptiblement, prête à bondir. Mais ce n'était que Charles, donc pas un ennemi potentiel... pour l'instant du moins. Elle se retourna lentement vers lui, posa son magnifique instrument avec précaution.

- Un...quoi?

Cookie. Gâteau au four, pépites chocolatées. Cookie, témoin informatique. La définition la plus probable était un gâteau.
L'elfe fixa le voleur avec curiosité.

- Je ne sais pas, je n'en ai jamais mangé.

Un soupçon l'effleura vaguement. Comment pouvait-il avoir un cookie? Et comment était-il entré? Il ne lui vint pas à l'esprit qu'il puisse s'agir d'une forme d'humour.

- Tu sais, il y avait la porte aussi. C'est plus simple. Ca va mieux?

Merci de t'inquiéter pour mon état... Même si j'imagine que c'est purement intéressé, mais bon. Et les cookies, c'était juste pour rire...

En tous cas, elle ne s'attendait pas à ce que je sois là. Amusant. Jamais mangé de cookies ? Connais pas beaucoup de monde dans le coin qui n'en a jamais mangé. Hmmm... Intéressant à savoir.

Faudra quand même penser à arranger ça dès que possible.

La plupart des gens prennent l'ascenseur. Tant pis pour eux, c'est leur problème. Moi, je passe par la fenêtre. Une simple question d'ennui en fait. L'ascenseur, en plus d'être ennuyeux, ça peut tomber en panne. Et dans tous les sens du terme. Remarque, moi aussi je peux tomber... On en revient à l'ennui. Encore et toujours...
Comment je suis entré donc ? Par la cheminée. J'ai rencontré le Père Noël. L'était coincé... L'ais un peu aidé.
Conclusion: non, ça ne va pas mieux...

Bon, sinon, pour Fowl... Le manoir n'est pas au cadastre. Va falloir se contenter des photos satellite basse définition. Sinon, je pense que pour ce que tu as envie de faire, le mieux ce serait d'empoisonner son repas.
Il va bientôt déjeuner avec un certains Koboï. Si je le sais, c'est parce que Monseigneur Son Auguste Sérénissime Fowl daigne rarement se mouvoir hors des murs de son auguste demeure.
Ou alors tu le kidnappes pour le séparer de son garde du corps.

Il s'en rend pas compte l'autre, mais je me casse la tête à essayer de lui sauver la vie cet espèce de rat de bibliothèque. Franchement... J'ai déjà des plans pour les deux situations. Ce sera pas trop dur.

Purement intéressé? Certainement pas. Le monde ne manquait pas de voleurs et s'il mourrait, elle pouvait très bien se contenter que quelqu'un de moins bon. Mais ce garçon étrange titillait sa curiosité. Elle n'avait jamais vu personne comme lui (même si finalement elle n'avait jamais vu grand-monde).

- Bon, sinon, pour Fowl... Le manoir n'est pas au cadastre. Va falloir se contenter des photos satellite basse définition. Sinon, je pense que pour ce que tu as envie de faire, le mieux ce serait d'empoisonner son repas. Il va bientôt déjeuner avec un certains Koboï. Si je le sais, c'est parce que Monseigneur Son Auguste Sérénissime Fowl daigne rarement se mouvoir hors des murs de son auguste demeure. Ou alors tu le kidnappes pour le séparer de son garde du corps.

Ereb réfléchit, passant machinalement son doigt sur les cordes sensibles de son violon.

- Si j'empoisonne son repas, je risque des dommages collatéraux. Je refuse de tuer gratuitement.

Drôle d'adjectif, dans sa bouche.

- Je suppose que tu ne peux pas me faire rentrer. Pas dans ces conditions...

Mais il ne fallait pas que le jeune voleur soit impliqué. Surtout pas.

- Je ne peux pas te permettre de m'accompagner. C'est trop...

Soudain elle s'interrompit, regardant fixement devant elle, puis éclata d'un rire amer. Elle avait compris.
Personne ne voulait se débarrasser de Fowl, ils auraient demandé à quelqu'un d'autre. Il était bien connu qu'elle l'appréciait. Non, le but de ce contrat était de l'envoyer en mission suicide et de se débarrasser d'elle. Elle avait dû gêner quelqu'un d'autre durant son ascension spectaculaire dans le royaume du meurtre.

Dommages collatéraux ? Mais non, puisque j'aurai été le serveur... Il n'y aurait aucun dommage du tout à vrai dire. Problèmes pour la faire entrer ? Pas vraiment. Juste que ça se serait passé au grand jour, par la grande porte. C'est justement pour ça que je ne suis pas un simple voleur. Moi, c'est... "du grand art".
Dépouiller quelqu'un dans la rue en pleine nuit, le reconduire chez lui avec sa propre voiture, sans même qu'il s'en aperçoive, et qu'il me remercie, me prenant pour son sauveur.
Me dénoncer moi-même pour toucher la récompense, puis m'enfuir avec le porte-monnaie du procureur.
C'est ça un Lupin. La mélomane se met à rire... Elle vient de comprendre une de mes blagues ?
Ah non... Trop cynique comme rire. Dommage.

Le droit de savoir ce qui se passe j'ai ? Un train j'ai dû raté. Mais le prendre en route aucun problème ne me cause. Maitre Yoda parlé a.

Oups... Et voilà que je continue... J'ai probablement un peu forcé la dose de Vicodin tout à l'heure... Mais sinon, ça veut dire que personne ne va mourir ? Pas plus mal dans le fond. Quoique, si Fowl ne meurt pas, je deviens quoi moi ?

- Le droit de savoir ce qui se passe j'ai ? Un train j'ai dû raté. Mais le prendre en route aucun problème ne me cause. Maitre Yoda parlé a.

N'ayant jamais vu Star Wars, ou n'étant même jamais entré dans un cinéma, la petite elfe dévisagea une seconde son interlocuteur avec surprise. Puis elle se ressaisit, décidant que les bizarreries de Charles Félicien étaient sans importance, voire même agréables.
Ereb hésita un instant, puis se décida:

- Je viens juste de me rendre compte que la véritable cible du contrat n'est pas Artemis Fowl. Ce qui change tout. C'est à moi qu'on en veut. Mais je ne peux pas refuser de contrat. Je ne peux pas non plus t'impliquer là-dedans.

Pensive, elle fixa un meuble fermé (qui contenait à peu près tous les écrits de Fowl), puis reprit doucement:

- Sinon, on ne m'aurait jamais demandé à moi de le tuer, lui.

Elle se mit à faire les cent pas. Elle avait plusieurs solutions: soit elle recherchait le commanditaire du meurtre de Fowl ou plutôt du sien, soit elle accomplissait le contrat en étant certaine de sa propre fin.
Pas vraiment folichon, comme options.

Aïe... Connait pas Star Wars non plus ? Tout une culture à refaire... Bon, c'est pas le temps qui manque. Surtout que je vais bientôt partir faire un joli tour du monde le temps qu'on m'oublie, alors...

C'est seulement ça le problème ? Fallait le dire... Moi, je connais la solution. Mais je vais pas te la donner. Ou alors tu me donnes mon antidote d'abord.

Je souris, prenant ma tête d'imbécile heureux. Vais lui dévoiler mon "va-tout"... ma dernière carte... Mais un full. LA combinaison gagnante. Les douze as du poker... Trois fois plus qu'il n'en faut pour gagner soit dit en passant. Tout droit venu du Japon, en import.

Et sans trucs louches, s'il-te-plaît. Mais je ne te le donne qu'une fois que tu m'as donné l'antidote. Faudra me faire confiance...

Confiance en mon honneur... celui d'un Félicien, d'un Lupin ! Et Arsène tient toujours sa parole, quoi qu'il lui en coûte.
Sauf que vu d'où elle doit probablement venir, aucune chance qu'elle n'ait lu les aventures de mon arrière grand-père.
D'ailleurs, même si elle sait que je suis un Félicien, un des meilleurs dans mon domaine on dirait, pas de risque qu'elle sache tout.

- C'est seulement ça le problème ? Fallait le dire... Moi, je connais la solution. Mais je vais pas te la donner. Ou alors tu me donnes mon antidote d'abord. Et sans trucs louches, s'il-te-plaît. Mais je ne te le donne qu'une fois que tu m'as donné l'antidote. Faudra me faire confiance...

Ereb le fixa avec une expression étrange. La confiance n'était bonne que pour les imbéciles, c'était donner une arme puissante à son adversaire. C'était stupide et inconscient. Mais il était... c'était quoi déjà, l'adjectif? ...sympa.

- Je ne fait confiance à personne. M'en remettre à toi est suicidaire.Elle soupira. Mais après tout, qu'est-ce que je risque de pire pour cette fois? Mais...

Elle eut un drôle de sourire, quelque chose entre la grimace malicieuse et le rictus narquois.

- Mais je ne t'ai pas empoisonné, en fait. C'était du bluff, mais tu n'avais aucun moyen de le savoir.

Comme quoi elle avait de l'humour, finalement. Un humour bizarre et tordu, comme toute sa personne.

Je cligne des yeux, penche ma tête sur le côté. Du... bluff ? Du bluff. Rien que du bluff. J'éclate de rire, me reprend. Fallait osé... du culot comme on dit... De l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace.

Me suis fait avoir comme un bluff... euh bleu. Désolé, les effets secondaires de mon traitement. Et puis, pour que faire confiance en quelqu'un soit... "suicidaire", encore faudrait-il que cette personne soit un... ennemi. En théorie, on est aussi censé avoir des amis. Même si, personnellement, je n'en ais pas... Faut pas chercher à comprendre.

Je sors un objet de la poche intérieur de ma poche. Un petit tube en plastique, étanche. Ça ressemble à ceux qu'on utilise dans l'industrie pharmaceutique, en beaucoup plus petit. J'en ai trois... Au contenu soigneusement pesé. Une étiquette dessus. "TTX".

Tétrodoxine. Ça vient du fugu. Un poisson que les Japonais aiment bien manger... Parfois au dépend de leur vie, puisqu'il inhibe totalement le système nerveux. Mais c'est pas ça qui m'intéresse. Quand on en met une certaine quantité sur la peau de quelqu'un, la toxine s'infiltre par les pores de la peau. Sauf que là, au lieu de tuer, ça place la personne dans un état apparent de mort clinique, puisque les signes vitaux sont trop faibles pour être perceptibles. Effet d'environ six à dix heures... Aucun antidote à ce jour. De quoi envoyer ton cher Fowl à la morgue, nous permettre de l'y récupérer pour le cacher, puis retrouver ton... commanditaire.

Pourquoi son cher Fowl ? Suffit de l'écouter parler voyons. Ah ces jeunes... Enfin, moi aussi j'en suis un, mais c'est différent, puisque je ne suis pas vraiment moi mais plutôt plusieurs personnes... M'enfin, on est pas là pour s'appitoyer sur notre, euh mon, sort...

- Me suis fait avoir comme un bluff... euh bleu. Désolé, les effets secondaires de mon traitement. Et puis, pour que faire confiance en quelqu'un soit... "suicidaire", encore faudrait-il que cette personne soit un... ennemi. En théorie, on est aussi censé avoir des amis. Même si, personnellement, je n'en ais pas... Faut pas chercher à comprendre.

Ereb pencha légèrement la tête sur le côté, comme toujours quand elle était perdue.

- Tu es en train de me dire de te faire confiance parce que on n'a pas que des ennemis mais aussi des amis, tout en me disant que tu n'as pas un ami. Es-tu au courant que tu es très perturbant?
- Tétrodoxine. Ça vient du fugu. Un poisson que les Japonais aiment bien manger... Parfois au dépend de leur vie, puisqu'il inhibe totalement le système nerveux. Mais c'est pas ça qui m'intéresse. Quand on en met une certaine quantité sur la peau de quelqu'un, la toxine s'infiltre par les pores de la peau. Sauf que là, au lieu de tuer, ça place la personne dans un état apparent de mort clinique, puisque les signes vitaux sont trop faibles pour être perceptibles. Effet d'environ six à dix heures... Aucun antidote à ce jour. De quoi envoyer ton cher Fowl à la morgue, nous permettre de l'y récupérer pour le cacher, puis retrouver ton... commanditaire.

Ereb hocha la tête, elle connaissait ce poison. Il y en avait d'ailleurs dans la substance qu'elle lui avait fait absorber sur son argent. Un bon plan, avec un seul défaut. Mais elle tiqua à l'adjectif "cher", qui désignait une forme d'affection.

- Je n'aime pas Artemis Fowl, je l'estime, c'est très différent. L'amour, c'est...

Elle grimaça. Son expérience personnelle de toute forme d'affection était les fois où on avait tenté de lui faire croire qu'on l'appréciait pour mieux lui envoyer une balle entre les omoplates.

- ... une comédie monstrueuse, intéressée et hypocrite.

Comment passer le seuil de la bizarrerie en trois leçons, sauf qu'elle n'en avait même pas conscience. Elle se tira de sa morbide réflexions sur les sentiments humains, et lâcha:

- Juste un souci. A moins que tu ne sois terriblement génial, je n'ai qu'une seule solution pour connaître mon employeur. C'est d'aller voir mon prop... mon "directeur".

Elle avait failli dire "propriétaire". Le mot aurait été plus juste.

- Et je ne suis pas sûre qu'il accepte de me le révéler.

Elle leva les yeux vers Charles. Il y avait une chose qu'il n'avait pas précisé, alors qu'elle n'avait plus de moyen de pression sur lui.

- Ça veut dire que tu marches avec moi?

Perturbant, moi ? Comme c'est gentil. Et une tueuse gage mélomane sans pitié au grand cœur totalement inadaptée au monde moderne, c'est pas "perturbant" ? Remarquez vous autres, elle a au moins le mérite d'être en accord avec elle-même, alors que je le suis avec nous-même...

- ... une comédie monstrueuse, intéressée et hypocrite.
Mais oui... absolument...dis-je en secouant la tête l'air navré. Bon, euh... j'ai pas vraiment non plus de leçons à donner de ce côté là.

Mieux vaut ne parler de la fois où je voulais sortir avec une certaine personne mais qu'elle ne pouvait pas sortir et m'a invité chez elle.J'ai tout de suite monté un plan pour "récupérer" le magnifique Watteau de ses parents... Mais j'étais sincère à l'origine... et l'étais toujours. Sauf que ça, elle l'a pas compris. Allez savoir... N'empêche, elle est amoureuse. Phase 1 de la mourt, le déni. Super le jeu de mot... Aïe aïe aïe... Kamarade, ça devient préoccupant au plus haut point ! Yuri, tais-toi.
Je penche à nouveau la tête sur le côté, la regardant l'air incompréhensif.

Euh, dis. Je sais bien que je suis légèrement schizophrène, mais... "nous", ça t'inclue aussi.

Comme si j'allais la laisser faire ça toute seule et me priver de toutes ces activités distrayantes, risquées, complexes et "désennuyantes" comme dirait Alex, surtout en une telle compagnie. Va falloir qu'on aille faire un tour chez le psychologue tous les quinze un de ces quatre...

- Mais oui... absolument... Bon, euh... j'ai pas vraiment non plus de leçons à donner de ce côté là.

Ereb haussa un sourcil. Il avait donc vécu une expérience intéressante au niveau amoureux.
Tiens, il avait la même manie qu'elle. Décidément...

- Euh, dis. Je sais bien que je suis légèrement schizophrène, mais... "nous", ça t'inclue aussi.

Ereb pâlit, rougit, hésita une seconde, puis choisit la parade appropriée. Elle riva la lave de son regard dans les yeux du jeune Lupin et affirma d'un air docte:

- Avec toi, on n'est jamais sûr de rien.

Pirouette effectuée, retomber sur ses pieds. Masquer son trouble. Il allait l'aider pour... pour rien?
Il était au moins aussi taré qu'elle.
Maintenant qu'elle était plus ou moins sortie de cette situation dérangeante parce que nouvelle (on lui proposait de l'aide!) elle demanda:

- Donc maintenant que ma survie est entre tes mains, le problème reste le même... comment entrer chez Artemis Fowl lui appliquer du poison sur la peau?

Aïe, aïe, aïe... Décidément... Le poisson rouge a une mémoire de trois secondes. "Dites donc, mais c'est qu'il est battu le record de Francesco !" "Mais euh..." "Hé oh ! Ça suffit Alejandro" Pitié... Arrêtez ça... Probablement un autre effet secondaire... Une légère perte de contrôle au niveau de nos différentes identités. Toujours bon à savoir. Euh... comment ça "nos identités" ? Help !

C'est bien ce que je disais. Je suis légèrement schizophrène. Et...

"Pourquoi faire gaffe à Yuri ?" "Parce qu'il est russe !" "Espèce d'Occidental, je..." "Ma... Tu sais Yuri... Il a pas tort Axel" "Francesco, on t'a rien demandé !" J'en peux plus... Prendre un café avant de partir. En plus, elle risque de finir par s'en apercevoir. BON, ÇA SUFFIT TOUT LE MONDE ! "Tu sais que t'as de beaux yeux ?" "J'ai dit ÇA SUFFIT ! Espèce de... Nanmého..." "Ok, ok, on arrête..." "Promis ? "Promis !" Fiou... Mes articulations se décrispent imperceptiblement.

Oui, donc. J'ai déjà un plan. Mais c'est assez... compliqué à expliquer. Ça ne te dérange pas de me faire confiance là aussi, ou... ?

Sinon on aurait pu profiter du restaurant. Aurait fallu prendre la place d'un serveur et le cacher... Dans un frigo par exemple ? Enfermé vivant dans un frigidaire. De quoi bien s'enrhumer. Avec ou sans glaçon votre Cognac ?

Je ne te cacherais pas que ça va être une véritable "tragi-comédie" en quatre actes. Va aussi falloir que je te fasse confiance, si ça ne te gêne pas. Et rassure-toi: si je t'aide, c'est aussi parce que ça m'occupe.

Il semblait en lutte avec lui-même, littéralement. Ereb aurait bien aimé être télépathe, ce qui se passait là-dessous avait l'air amusant.

- Oui, donc. J'ai déjà un plan. Mais c'est assez... compliqué à expliquer. Ça ne te dérange pas de me faire confiance là aussi, ou... ?

Un blanc. Elle le laissa poursuivre.

- Je ne te cacherais pas que ça va être une véritable "tragi-comédie" en quatre actes. Va aussi falloir que je te fasse confiance, si ça ne te gêne pas. Et rassure-toi: si je t'aide, c'est aussi parce que ça m'occupe.
- C'est parfait, je te suis. Je pense... je pense que tu peux avoir confiance en moi. Je ne t'ai pas tué, donc...

Raisonnement on ne peut plus rassurant. Elle soupira.

- Bien, confiance mutuelle. Voilà une grande première pour moi. Soyons fous.

Elle se leva et se dirigea vers une armoire à pharmacie volumineuse.
Qui contenait une extraordinaire collection de poison de toute sortes, plus un atelier du "parfait petit chimiste" avec lequel elle créait de redoutables substances.
Et elle commença à s'équiper.
Lames empoisonnées, balles empoisonnées, mains empoisonnées, talonnette en acier empoisonnée.
Plus une arme à feu munie d'un silencieux.
Tout cet arsenal disparut dans ses vêtements qui pourtant ne semblaient receler aucune cachette.

Confiance mutuelle, de la folie ? Euh... Vu que fais constamment confiance à une bande de... "De quoi ?" Rien du tout. Tais-toi. "Allez..." Bon, euh... si vous êtes sages, plus tard, hein ? "Pffff.... ok..." Merci.

Mais je vais d'abord devoir aller chercher quelque chose chez quelqu'un...

J'allais acheter quelque chose... Je n'en reviens toujours pas. Etrange comme sentiment. J'embarque mon matériel de base, laissant le gilet par-balles. Trop encombrant. Faudrait un de ces nouveaux trucs... "Sauf que c'est encore des prototypes, nigaud" Je sais... "Enfin, moi je dis ça, mais c'est toi qui vois, hein... C'est ton problème après tout si tu finis en passoire..." "Faut te rappeler que c'est aussi le tien de problème Leonhard ?" "Oh, ça va Henry..." "Si j'étais toi, je prendrais le gilet" "Ouais, ben tu as vu comment c'était pratique tout à l'heure sur la corniche de la fenêtre du deuxième étage. On a faillis tous y passer avec tes idées de génie. Franchement, passer par la fenêtre..." "L'escalier, au pire, on pourrait comprendre" "Bande de mauviettes ! Moi je serais descendu en sautant du haut du toit pour me rattraper au rebord de la vitre, et..." "Et dans le meilleur des cas te déboîter la nuque, Axel... C'est pour ça qu'on t'a pas laissé faire." "En plus, Camarade, il faudrait déjà commencer par monter jusqu'au toit..." "Et toc !"
SILENCEEEEUUUHH Merci.

Bon, maintenant que tout est revenu au calme... Vérifions... Allons-y

A... tout de suite.

Je vais me faire tuer au retour... Faire attendre les gens comme ça, comme si on n'en avait rien à faire... Sauf que si elle venait, elle me prendrait plus du tout au sérieux après ça...
Trois quarts d'heures plus tard, je revenais avec un gros paquet.

Le soleil se couche... On peut y aller si tu veux.

Il était partit, comme ça, sans rien dire. Il pouvait tout aussi bien l'avoir abandonné.
Pour la première fois de sa vie, elle se fit du souci en ne le voyant pas revenir immédiatement. Pour se détendre, elle prit son instrument et son archer, se mit lentement en position.
Plus rapide et léger qu'un danseur, le crin virevoltait sur les cordes, arrachant au violon des son torturé et douloureux. Les notes cascadaient autour de la jeune fille, comme autant de mots qu'elle ne dirait jamais à personne.

- Le soleil se couche... On peut y aller si tu veux.

La main de la petite elfe dérapa, tirant après une panacée de l'art musical un son étrangement discordant. Elle ne lui dit rien, mais sa mélodie valait mieux qu'un reproche.
Ereb lança un coup d'œil suspicieux au gros paquet. Avec ce garçon, il fallait s'attendre à tout: ça pouvait tout aussi bien être le matériel du parfait petit cambrioleur ou un lot géant de cookies.

- Si tu veux.

Il allait certainement prendre la fenêtre, mais la tueuse, plus simple, se dirigea vers l'escalier.

HJ: suite au manoir d'Artemis, je suppose?

L'avais arrêtée en plein milieu de... comment appeler ça ? Aucune idée... Trop triste pour... Ah mais oui. Voilà. En tous cas, elle m'en veut. Tant pis. Je ferais attention la prochaine fois. Enfin, la prochaine fois... encore faudrait-il qu'il y en ait une de prochaine fois.

Bon, on se retrouve à la sortie menant au manoir, alors.

"Eh, dis, on descend en rappel par la fenêtre ?" "Ça va pas ! Pas avec..." "Personnellement, je propose tout simplement de prendre l'ascenseur" Bonne idée Henry... Parce qu'ils pèsent leur poids tous ces trucs. "Faut dire aussi, quelle idée d'en prendre deux ?" Vous verrez.

Je passe par la porte de l'autre chambre, emportant au passage mon sac et tout ce qu'il contient.

J'appelle le central d'une compagnie de taxi, et quelques minutes plus tard, je pars vers le manoir.

Hj... Tu crées ?