Double meurtre à Dublin

« Vous êtes arrivé à Dublin. La température extérieure est de 9°C et il est six heures p.m, heure locale. Veuillez penser à récupérer vos affaires, attention à l’ouverture des portes… »
Lassée, je secouais la tête, n’écoutant même pas la suite du message du commandant de bord, presque toujours identique, d’ailleurs. Je récupérais mon sac à dos et descendis de l’avion en ruminant contre ce pays où personne ne connaît la chaleur, le soleil, la plage…

*Plains-toi, chérie, je te signale que t’arrives tout droit de San Francisco, alors question soleil…*

Jetant un coup d’œil à l’immense hall de l’aéroport, je sortis nonchalamment et me dirigeais vers le parking.
Je chaussais tout de même mes lunettes mouche sur le nez et sans même accorder un regard aux voyageurs poussant leurs grosses valises, je hélais un taxi et m’engouffrai dedans, armée de mon seul sac. Je donnais l’adresse de mon hôtel et sortis mon ordinateur portable pour m’avancer dans mon… travail… En levant la tête, je vis un éclair de tentation dans l’œil du chauffeur et souriant, mis à jour mon boulot.
- Voilà, M’dame, vous êtes arrivé… » Le chauffeur me tendit le papier avec l’adresse de l’hôtel, je lus « Leeson St. Upper, Dublin 4 . »
Un portier vint immédiatement m’ouvrir:
- Bienvenue au Burlington Hôtel, mademoiselle Duncan. Votre personne est attendu depuis ce matin, nous avions peur qu’il ne vous soit arrivé un quelconque malheur pendant votre voyage… Le vol s’est-il bien passé ? »

*Super, L’Ireland Gentleman, the come back*
*Commence pas où je m’énerve*
*Ouais ben là tu devrais surtout répondre…*

- Fort bien, Niles, fort bien. En vérité, les élections ont perturbé le trafic aérien, mon vol a eu un peu de retard. Quelqu’un m’a t il fait demander ? »
- Vous n'avez reçu qu'un seul message aujourd'hui... Il sortit une feuille qu'il me tendit. Un certain M. Lynch, ajouta-t-il.
Mes lèvres se retroussèrent en un sourire. Un M. Lynch...
- Il a dit qu'il vous attendait dans une heure et demie au pub au coin de la rue.

*Le pauvre, il ne sait pas ce qui l'attend…*

M'ennuie... Telle étais la pensée omniprésente dans mon esprit...

*Guitare?* Mouais...* Dessin?* Mouais...* Mets y un peu du tiens!* Nan* Pfff... Désespérante...*

Je passe devant le Burlington Hôtel au moment où une jeune femme y entre. Pour ce que j'en vois, elle a l'air d'avoir une petite vingtaine d'années.

*Bah, tu vas pas aller harceler quelqu'un parce que tu t'ennuie quand même??* Naaan, t'inquièèèète!*
Je secous la tête, pour chasser un mauvais pressentiment dont je ne connais pas l'origine et poursuis mon errance à travers les rues de Dublin.

[DEUX BONNES HEURES PLUS TARD]


Précautionneusement, je glissais mes gants dans mon sac et me changeais pour une tenue beaucoup plus décontractée. Puis, passant devant le miroir de la salle de bain, je retouchais coquettement mon rouge à lèvres et mon fard à joue. Je jetais un dernier regard dans la luxueuse pièce, histoire de vérifier que je n’avais rien oublié. En chemin, dans le salon éclairé par la lumière hésitante de l'écran d'un ordinateur, je relus la lettre de suicide posée sur la table et signée de M. Lynch, enjambais ce dernier, étendu, face contre terre et le pistolet encore fumant dans la main et sortis de l'immeuble. Chaussant mes lunettes, je scrutais les passants, légèrement troublé par le flux de personnes dans la rue.

*Eh ! No stress, chérie, tu sais bien que tu es la meilleure tueuse du coin. En tout cas jusqu’à l’océan indien, minimum, alors détends-toi*
*Nan, peux pas*
*Petite nature…*

Décidant de ne pas me faire remarquer, j'empruntais un détour qui me fis passer devant un dojo.
*Tiens, faudra que je pense à y aller, ça pourrait être marrant*
*C'est ça, t'en a pas marre de traumatiser tous ceux que tu croises ? Il faut en plus que tu les pourchasses dans des dojos ?!*
*Traumatiser les gens ? Moi ? Mais, je suis une petite nature, souviens toi...*
*Alors pourquoi ton prof d'arts martiaux de l'année dernière est interné en service psychiatrique ?*
*Si tu ressors mes archives à chaque fois...*

Secouant la tête -une habitude desormais omnipresente- je jete un coup d'oeil au dojo. Ce que je vois me laisse pantoise: une fille, mineure -ça, c'est certain- en train d'enseigner quelques prises à des élèves. Enseigner... C'est ce qu'on pourrait penser sauf que j'interceptais quelques éclats horrifiés dans leur yeux... Les pauvres...

Après près de deux d'errance dans le centre ville, je rentre à l'orphelinat récupérer mon karategi puis ressort pour retourner dans les rues du centre.

*Bah... T'as pas cours de karaté pourtant* Même. Le sensei m'a dit que je pouvais venir m'entrainer -ou aider- quand je voulais, donc, je vais y aller, j'ai rien à faire...*

Me voila donc dans la rue qui mène au dojo.

*Tiens, je l'ai déjà vu quelque part elle, non?* Ouais, devant l'hôtel tout à l'heure*

Je réprime un nouveau frisson du à un nouveau mauvais pressentiment.

*Deuxième fois aujourd'hui, et toujours quand je la vois...* Tu te fais de idées, Rin, fais gaffe* Mouais...*

Je passe devant cette jeune femme et entre dans le dojo.

*Ah... Karaté... Obi blanc... Adultes... Vais m'amuser, moi!*

-Ah! Seiryuu, tu tombe bien, tu peux t'occuper du groupe, là-bas? Tu leur montre des techniques de bases... Sans les traumatiser, d'accord?

-Oui, senseiiiii.

Me sens super happy tout à coup!
Aller, on va se changer, on met la ceinture noire, on revient dans le dojo, et c'est partie pour une heure de traumatisation!

Accoudée à une des parois, j’observe en silence la pitite flèche se diriger vers le 5. Je pense… Je pense à ce sentiment omniprésent que, si j’en avais eu le choix, peut-être serais je devenue quelqu’un d’autre, de différent, quelqu’un avec une famille. Jamais je n’aurais pensé devenir Tueuse à Gages Professionnelle.

*Qu’ess tu racontes, tuer, c’est ta raison de vivre. Allez, allez, tu te reprends chérie ! C’est ce que tu fais depuis toujours, quelqu’un n’aime pas quelqu’un, te demande de le tuer, tu le fais et Jackpot ! Tu touches le pactole ! Pis, de toute façon, si t’étais pas tueuse à gages, qu’est ce que tu ferais ? Tu travaillerais en bureaucratie, à remplir de la paperasse ?*
*Ouais, ça se défend…*

Après un arrêt quelque peu brutal (d’accord, j’ai percuté la porte), Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent dans ma suite de l’hôtel. Je me dirigeais vers la mini cuisine, pris une pomme et commençais à croquer dedans. Ensuite, j’entrepris de me faire couler un bain moussant pour me détendre lorsqu’un bruit attira mon attention. D’abord surprise, je reconnus bien vite le tintamarre du fax.

*Détends-toi, si tu stresses au moindre bruit…*
*Eh ben, je serais encore plus sur mes gardes !*
*Au cas où quoi ? Quelqu’un voudrait te tuer ? Mais, chérie, ce quelqu’un atterrirait à la morgue aussitôt !*
*Pas faux…*
*Tsss… Maintenant regarde ce qui est arrivé par le fax ! Mon dieu, faut vraiment tout te dire !*

Me dirigeant vers l’appareil ,je m’emparais des deux feuillets. Comme je m’en doutais, un ordre de mission accompagné d’une photo. Immédiatement, je la reconnus, c’était elle ! La fillette du dojo, celle qui enseignait des prises aux élèves. Quelque chose me dit, que celle-là, ce sera… différent.
Souriante, je pris mon arme, et sortis.

Appuyée sur un saule pleureur, je LA voies, je l'épies, je l'observe. Je m'impregne de ses habitudes, des lieux où elle...

*Est ce que tu aurais l'extrême amabilité d'arrêter tes monologues digne de films parce que là, tu vois elle s'en va... *

Ah... Pas faux ! Je la suis donc, droite, gauche et vlà que je me retrouve devant une immense bâtisse, lugubre pour autant que je vois. Un orphelinat sans aucun doute. Du coup, là, je flanche un peu, j'ai pas vraiment l'habitude de tuer des gens et d'en faire des martyrs, moi ! Bon, bref, je la suis discretement, dejouant la securité

*Dis pas ça, tout le monde va t'imaginer à la mission impossible... Tu t'es juste cachée dans les toilettes quand le pion est passé*
*Pffff...*

Bon, me voilà au 3ème étage... Devant sa porte... Très belle porte d'ailleurs... je m'approche doucement, m'apprete à tourner la poignée

*Arrête de faire durer le suspense *

"PAN !!!!!!!!!!!!!!!!!!!*

Le coup de feu me dechire le tympans, et, au ralenti, je vois la balle traverser la porte juste à côté de ma poitrine. J'entends un légr cri derrière et je me pécipite dans la chambre, ne pensant qu'à protéger ma... oui, ma cible !
Heureusement, le cri venait du gricement du matelas, elle, se tenait en retrait, position defensive mais prête à attaquer.
Second coup de feu, j'entend le declencheur, et me jette sur elle pour l'aplatir.
Nous nous relevons en même temps pour nous precipiter vers la porte.

*Pfff ! Même pas fichu de nousr remercier, on lui a sauvé la vie quand même !*

*P'têt que c'est parce qu'on doit la tuer, nous aussi...*

Un coup de feu.
C'est le matelas qui prend.
Position défensive.

*Rin, tu peux rien faire contre une arme à feu* Je sais. Mais j'ai peut-être une chance de le désarmer, non?* L'espoir fait vivre...*

La porte s'ouvre.
Position offensive.

*C'est elle?* Elle a pas d'arme* Ca se cache* Elle aurai déjà ti...*

Second coup de feu.
Elle se jette sur moi et tout le monde par terre.
Allez! Debout et tout le monde vers la porte.
Mais une fois dehors, tout ce que j'ai pu voir, c'était un long manteau noir tourner au coin d'un couloir à toute vitesse.
Ah? Tout le monde cours pour le rattraper. On passe le coin... et... ben oui, vous vous en doutiez, plus personne. Volatilisé.

-Personne...

-Personne...

*Ben oui, personne ! Qu'est ce que tu crois ?! Que le mec, tu vas le trouver devant ta porte, le manteau coincé à un crochet planté dans le mur, le revolver fumant dans la main ??? *

Non. Personne ne peut me suivre sans que j'en ai connaissance. Personne...

*C'est bon ? T'as fini ton trip avec la voix de Dark Vador ? Parc que là, la fillette te regarde bizarrement...*

*C'est vrai, ça... Pourquoi ???*

*Peut-être que c'est dû a fait que, ce matin, elle t'a vu dans l'hôtel. Puis devant son dôjo... Et maintenant devant sa chambre... Elle va finir par croire que tu la suis... Oh! Mais tu la suis!! Banane !*

Soupirant, je me retourne vers elle et j'essaie d'esquisser un sourire mais, bizarrement, mes coins de lèvres fondent dès que je croise son regard.. Ouuuh... Mais c'est qu'elle a pas l'air comode, la petite ! C'est marrant... elle me ressemble lorsque j'avais son âge...
Vous imaginez jackie Chan en féminin, avec l'uniforme de l'orphelinat croisée avec Chuck Norry et Buffy ??? Ben... v'là...
Vous l'imaginez donc, pas très encourageant pour engager la conversation. Je m'y risque tout de même:
- Ben dis donc, quelqu'un a mis un contrat sur toi ou quoi ???