Rendez-vous sur le tarmac

Le commanditaire du PoC de Spiro s'était désisté...
Trop risqué quand on connaissait les méthodes du bonhomme m'a-t-il dit. Tant pis... pour lui.

Résultat, j'ai dû chercher du côté des Russes. Un des seuls endroits sur la planète où il y ait des mafieux suffisamment riches pour s'offrir un tel joujou tout en étant hors de portée d'un gangster américain.
On m'a donné rendez-vous sur le tarmac d'un aéroport de campagne.
"Vous et moi. Personne d'autre. Avec ou sans arme, au choix.
Le jeu en vaut la chandelle."

Aucune idée de ce qu'il va me proposer... Mais il n'a aucune raison de me jouer un coup bas... Mais ça ne m'inspire pas confiance. Pas du tout. Résultat, j'ai emprunté son arme de service à un policier qui faisait sa patrouille dans le parc, histoire d'impressionner...
Aucune idée de comment on enlève le cran de sûreté alors.
D'ailleurs, faudra que je pense à prendre des cours. Ca devient de plus en plus risqué mon boulot...

Un sifflement. Un avion... jet... Que... Aeroflot ? Corrompre une compagnie nationale pour qu'elle dresse un plan de vol de couverture et prenne ton avion sous ses couleurs... Il a des moyens décidément.

Le jet se pose, Yuri Kuznetsov sors de la 608 noire qu'il a loué dans une agence de Limerick, son costume flottant au vent de même que sa cravate.
Désolé, je parle à la troisième personne... Mais c'est toujours moi.

La porte latérale de l'avion s'ouvre, un homme d'affaire sort portant une malette. Mon client est là... Reste à savoir ce qu'il m'a amené.

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L'avion s'approche du sol, je range la bouteille de martini dans le frigo et m'assis dans mon fauteuil.
Un gamin... qui dit s'appeler Yuri Kuznetsov, a volé un téléphone de chez Phonétix... Un "proof of concept" comme disent ces américains. Juste fait pour impressionner... Mais si je m'amusais à le commercialiser, ça ferait un tabac et rendrait Spiro complètement malade.

Le jet se pose sur la piste, s'arrête. Je me lève et vérifie que mon Glock est chargé.
Modèle 37, fabrication autrichienne... Au cas où, qui sait. C'est peut-être un piège... Mais le premier contact avec un partenaire est toujours très important.

Un de mes gardes du corps prend la malette et m'ouvre la porte, je sors et descend les quelques marches, le garde me suit.
L'autre m'attend sur le tarmac. Doit avoir dans les 14, 15 ans... Un gosse, juste un gosse... Et un occidental

Yuri ! Comment vas-tu ? Tu as amené ce que je t'ai demandé ?

Que... un garde du corps. L'avez pas dit "personne d'autre" ? Ou alors ça devait ne concerner que moi...
M'enfin, mieux vaut éviter de créer des problèmes, hein...
Je prend sors le téléphone de ma poche et le lui montre.

Le voilà... Qu'est-ce que vous m'avez amené ?

Ce type, il fait froid dans le dos... Même Spiro a l'air d'un ange à côté... Pas étonnant qu'il n'ait pas peur...
Mais ma curiosité l'emporte... J'espère juste que c'est pas un truc genre charge nucléaire ou de la drogue... J'en ferais quoi moi après ?

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Il n'a pas mentis... Incroyablement doué pour quelqu'un de son âge... Maintenant que j'y pense, il y a cette étrange histoire d'incendie dans la tour de Spiro... Ça doit bien remonter à une semaine.
Les témoins parlaient d'un agent des services secrets qui se seraient ensuite enfuis en hélicoptère, laissant Spiro entre les mains d'un certains Horton Mardok. Simple coïncidence, peut-être.
Mais sinon, c'est un très joli coup...

Je fais un signe de la main et le garde s'approche, ouvrant la malette.

Quelques dizaines de milliers d'euros en diamant. Petits, faciles à écouler. Je suis désolé mais je n'avais plus de kalachnikovs.

Je souris légèrement à ma pointe d'humour... Il n'a pas l'air d'avoir compris. Dommage.

Des... diamants. C'est pas aussi catastrophique que je le pensais...
Et c'est quoi cette histoire de kalachnikovs. L'est pas sérieux, si ?
Un sourire de requin. Je réprime un frisson. Non, l'était pas sérieux...
Faciles à écouler... Ça, c'est lui le dis. Franchement...

Je... je suis désolé, mais je ne peux pas, monsieur. Je suis un cambrioleur, pas un receleur. Je ne suis pas intéressé.

Je range le cellulaire dans ma poche et repars vers la voiture. Partir d'ici le plus vite possible avant que ça ne dégénère.

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Il repart... Comme ça. Il croit vraiment que... Qu'il est naïf ce petit. On ne me la fait pas à moins... Je ne me déplace jamais pour rien. Et ce que je veux, je l'obtiens. Pour qui me prend t-il ?

Je sors mon Glock et le rattrape alors qu'il s'engouffre dans sa Peugeot. L'attrapant par l'épaule, je le jette en dehors avant qu'il n'ait eus le temps de réagir. Le soulevant d'un bras, je le plaque sur le capot de la 608, attrapant son pistolet.

Ecoute gamin... Tu as deux possibilités... Soit c'est oui, soit c'est non. Pas de peut-être. Et crois-moi, tu n'as pas envies de dire non...

Et, pour appuyer mes paroles, je lui tire deux balles à bout portant dans la jambe droite.

Alors, qu'est-ce que tu en penses maintenant ? Je n'ais pas raison ?

Je n'ai rien pu faire. C'était trop rapide. Je hurle...
J'ai si mal une crise ? Non... le bruit... il m'a tiré dessus. Dans la jambe.
Le russe me retient contre le capot en me tenant à la gorge avec son bras droit... De la main, je fouille les poches de ma veste à la recherche des comprimés de Vicodin.
J'en avale un. Les effets se font sentir au bout d'une petite minute.

Ma tête bourdonne encore... Qu'est-ce qu'il a dit ?
Ah, oui... Je ne sens plus rien, comme à chaque fois.

Je regarde sa main gauche dans laquelle il tient son arme et mon regard remonte jusqu'à son visage... Je peux lui être encore utile, c'est pour ça qu'il ne m'a pas tué. Mais ça ne serait pas vraiment un problème pour autant j'imagine...

L'a un tatouage au bras droit... tiens donc.
Je m'égare... Il attend ma réponse... Vaut mieux pas l'impatienter.

Euh... Auriez pas la même chose en liquide ?

Ma voix est sourde... bizarre. Faut dire aussi qu'il m'étouffe.
Je regarde à nouveau son arme. D'un côté du canon, il y a gravé Организация, et de l'autre Первый Верный.
Du russe... N'empêche la gravure est presque belle...
Verrais bien mon nom en sindarin sur un truc comme ça...

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L'ais laissé avaler son comprimé... Un truc contre la douleur... Amusant... Le plus drôle dans tout ça, c'est sa question... Bien sûr que j'ai ça... Entre nous, la seule raison pour laquelle je ne luis ais pas volé le portable, c'est pour éviter de compromettre nos éventuelles affaires dans le futur. Qui sait ?

Il regarde mon Glock 37, pensivement... Peut-être essaie-t-il de traduire ce qui est écrit dessus ? En français ça donnerait "Organizatsiya" et "Premier Loyal"... Comme ça, ils peuvent savoir à qui ils ont affaire...

Je range mon arme, le relâche et dis quelques mots en russe à Alexey, l'homme de main. Il referme la malette et monte dans l'avion en courant pour revenir quelques minutes plus tard avec une autre valisette qu'il pose à côté de Kuznetsov qui est adossé au pneu de sa voiture, à bout de souffle. Ses comprimés ne sont pas si efficaces que ça on dirait...

Cent mille euros, en coupures de cent. Ce fût un plaisir de faire affaire avec vous Yuri. J'espère qu'on se reverra et que, la prochaine fois, je n'aurais pas à vous brutaliser ainsi.

Je prend le cellulaire dans sa poche, et laissant le gamin par terre , je remonte dans l'avion.
Alexey referme la porte derrière moi et je m'assis dans mon fauteuil pour me servir un verre de Martini, blanc.
Les moteurs se mettent en marche et le jet redécolle en direction de la Russie. Voilà une bonne chose de fait.

Il est partis... Je prend deux autres comprimés et me traîne dans la voiture, siège conducteur. Posant la malette du côté passager, j'arrache le pan du pantalon en-dessous du genoux droit, mettant au jour deux trous qui traversent ma jambe de part en part.
Je fais un bandage sommaire avec le bout de tissu qui commence instantanément à rougir. Peux pas bouger ma jambe...
Heureusement que j'ai du Vicodin, sinon...

Va falloir aller à l'hôpital... Et je vais y rester quelques temps d'ailleurs on dirait...

Je démarrer, appuyant sur les pédales avec la jambe gauche.
Rouler sur la file de droite et ne pas dépasser les dix, vingt kilomètres heure. Ça, c'est à cause des comprimés...

Je jette un coup d'œil à la mallette, l'ouvre. L'argent à bien l'air d'y être... Mais est-ce que ça en valait vraiment le coup ?
Je sais pas... Je ne sais rien à vrai dire... Me concentrer sur la route...

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